Selon les estimations de l’Insee, l’économie française a enregistré une croissance de 0,4% en 2014, soit un rythme identique à 2013. Si les prévisions de croissance ont été récemment revues à la hausse par le Fonds Monétaire International à 1,2% en 2015, ce regain d’optimisme tient surtout aux facteurs conjoncturels exceptionnels, à savoir la chute des cours du pétrole, l’euro plus faible et les taux d’intérêt au plus bas. Sur le long terme, les espoirs de croissance se heurtent à un chômage en progression constante qui atteint désormais 25,4 % chez les jeunes et 10,3 % en moyenne au niveau national. Par ailleurs, les inquiétudes concernant la compétitivité des entreprises françaises perdurent en raison de l’accroissement du coût du travail et du niveau d’imposition élevé (33 %).
Espoirs de reprise sur fond de pessimisme
Dans ce contexte économique incertain, le cabinet Grant Thornton a recueilli le ressenti de 300 chefs d’entreprise français sur leurs perspectives économiques en 2015 pour son rapport annuel International Business Report. L’enquête révèle que seuls 9% d’entre eux anticipent un accroissement de leur chiffre d’affaires en 2015. Il s’agit du chiffre le plus bas observé parmi les 35 pays de l’enquête, ce qui place la France en pole position sur la grille du pessimisme. Néanmoins, les projets d’investissement devraient connaître un regain d’intérêt puisque 26% des dirigeants interrogés prévoient d’investir dans les biens et équipements au cours de l’année, contre 23% en 2014.
Le numérique au secours de l’économie française
Et si la transition digitale avait le potentiel de libérer la croissance et de créer de nouveaux emplois ?
Selon le cabinet McKinsey, le numérique représente déjà 5,5% du PIB français et contribue à 25% de la croissance de notre économie. Réussir le virage digital permettrait de libérer un demi-point de croissance annuel au PIB français. Sur le terrain de l’emploi, « le numérique détruit et crée des emplois, et personne n’a les outils pour savoir où et quand va s’arrêter le curseur » confie Christian Poyau, président de la Commission Transformation Numérique du Medef.
Pour la secrétaire d’Etat au Numérique, Axelle Lemaire, ça ne fait pas de doute : le numérique est vecteur de croissance et d’emplois. Fin 2013, elle lançait la FrenchTech, le nouveau label destiné à désigner les territoires les plus favorables au développement des startups. Après la labellisation de 9 métropoles la première année, la FrenchTech passe à la vitesse supérieure en 2015 pour se structurer à l’international et développer les dispositifs de financement.
« Les startups constituent des relais de croissance et d’emplois essentiels au redressement des économies européennes. Il est donc important, au-delà du financement même de ces entreprises, de soutenir les lieux d’innovation, d’incubation et d’accélération dans lesquels elles naissent et grandissent. Ils constituent des moteurs de la vitalité de l’économie du numérique » souligne Axelle Lemaire.
Dotée d’un fonds de 200 millions d’euros, la FrenchTech soutient aussi le développement d’accélérateurs de startups privés grâce à l’appui de Bpifrance (banque publique d’investissement). Fondée en 2013, cette dernière s’est déployée rapidement puisque 14 milliards d’euros de financement ont été injectés dans les entreprises en 2014 dont 1,1 milliard d’euros dans l’innovation.
Offensive du gouvernement pour accélérer la transition digitale
En marge de la FrenchTech, l’Etat multiplie les chantiers pour booster la transition digitale. Jeudi 18 juin, Manuel Valls dévoilait la stratégie numérique pour la France et annonçait une série de mesures pour insuffler le digital à tous les pans de la société : économie, santé, éducation, administration… Une rencontre très attendue entre les startups les plus emblématiques du territoire et les plus gros fonds de la Silicon Valley aura lieu également à l’automne.
Sur le plan économique, ces mesures font écho à la seconde phase de la Nouvelle France Industrielle dévoilée par Emmanuel Macron le 18 mai à Nantes. Son ambition : assurer la reconquête industrielle par la transformation numérique des entreprises. Ce projet « Industrie du Futur » prévoit notamment d’accompagner les projets des entreprises sur les marchés où la France peut acquérir un leadership européen d’ici 3 à 5 ans: imprimantes 3D, objets connectés, ou réalité augmentée. Les entreprises investissant dans la modernisation de leur outil de production bénéficieront également d’un avantage fiscal et de prêts de développement distribués par Bpifrance.
L’avenir nous dira si les changements opérés libèreront la croissance en France et généreront un solde d’emplois positif. D’ici là, le gouvernement devrait présenter à l’automne la très attendue grande loi sur le numérique.
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