Jeudi 21 mai 2015 se tenait la première conférence d’un cycle au thème prometteur : l’art urbain et le numérique. Urban Art Paris et le Numa se sont associés pour organiser plusieurs discussions dont les motifs récurrents seront l’entrepreneuriat, le digital et l’art urbain. Pour le premier rendez-vous, cinq intervenants issus de domaines variés ont joué le jeu d’ambassadeur de leur propre vision des liaisons qui se créent entre les trois moteurs de discussion.
Le monde de l’art et de l'entrepreneuriat sont en ébullition depuis plusieurs années, portés par l’émergence d’artistes reconnus sur la toile, souvent issus du mouvement street art ; les idées fleurissent et de nouveaux business model voient le jour.
Un accélérateur du mouvement
Le principal moteur de cette transformation, et de la visibilité accrue des artistes, sont les marques qui ont développé grâce à internet de nouveaux relais de visibilité pour les artistes. En témoigne les nombreuses initiatives et expositions organisées par des institutions et des marques (Fondation EDF, La Poste, Cartier…). Ces dernières ont justement cerné l’essence d’un art qui peut être à la fois léger, complexe, à l’esthétique pop, tout en ayant la possibilité de faire passer un message transformé en un visuel intense.
Selon Ivan Beczkowski, président de BETC Digital, l’un des symptômes de cette nouvelle forme de notoriété est la façon dont les artistes peuvent exister à travers les nouveaux canaux numériques. C’est lors de sa nouvelle installation dans un bâtiment de Pantin que BETC a croisé le chemin de l’art de rue. 20 000m2 criblés de graffitis abandonnés depuis 2004, devenus un temple de l’art urbain. Le projet Graffiti Général est alors né pour conserver cette enceinte grâce à la numérisation (les parties amovibles sont stockées pour le moment). Ils ont opté pour une visite virtuelle afin de retranscrire au plus proche l’empreinte du temps qui a sévi, le contexte et l’ambiance de ce lieu.
Les galeries et la vente en ligne innovante
Le côté innovant de la vente en ligne ? La startup ArtSper y croit. Collectionner des œuvres n'a dorénavant plus rien d’élitiste. La vente en ligne est une nouvelle vitrine pour les galeries d'art. Leur comité spécialisé les sélectionne à travers l'Europe. Le rapport avec les artistes est indirect puisque le dialogue n'est réellement entretenu qu'avec les galeristes qui transmettent les mises à jour.
La transparence est une option obligatoire sur le site Artsper, sur lequel les fiches techniques des œuvres, ainsi que leur prix, seront toujours communiqués. Les critères de recherche se multiplient (prix, matière, nom, teinte, taille etc) afin de donner une meilleure amplitude de prospection aux clients.
Aujourd'hui, le challenge est remporté puisque l'art urbain fait partie du top des recherches sur le site. Son envergure devenue internationale (Belgique, Suisse, Londres) n'en sera que plus profitable pour faire connaître l'art de rue à grande échelle.
Un ecosystème de startup en explosion
Nous ne sommes qu’au début mais la vague de nouvelles startups sur le sujet semble déferler. Sur le sujet de l’art on retrouve aujourd’hui une segmentation assez précise des startups proposant des services toujours plus complets destinés aux amateurs et professionnels de l’art :
1. Les galeries innovantes Les Français de chez Artsper ont développé la première place de marché ecommerce dédiée aux galeries ; ils offrent toute une gamme de services au travers de leur plateforme, tel que pourrait l’être un fournisseur SAAS de solution. Comme souvent aux USA, la tendance est plus profonde et à déjà vu l’émergence d’ArtSpace et d’Artsy, véritables plate-formes de visibilité et d’accessibilité des contenus. On retrouve dans l’hexagone d’autres initiatives comme KAZoART.
Lancée il y a 2 mois, cette plateforme s’impose comme la place de marché "sélective" de vente en ligne d'oeuvres d'art, en mettant en relation directe les artistes et les amateurs d'art.
2. L’expérience artistique digitale. Des jeunes pousses de plus en plus nombreuses viennent repousser les limites de la vente en ligne. On retrouve des concepts innovants comme Artips, qui propose des services de curation artistique auprès des particuliers. Des concepts plus orientés technologie, comme Brightfor et Digital Arti, explorent le rapport entre l’art et la technologie.
3. Les applications mobiles. L’expérience utilisateur de l’art urbain de demain sera principalement mobile et sur les réseaux sociaux (le hashtag #streetart faisant partie des tags les plus partagés sur les réseaux sociaux). Face aux géants du Net, qui centralisent le traffic et les modes de consommation (Google Street Art Project), les jeunes Français d’Urbacolors sont en quête de légitimité et de viabilité sur le marché.
Toutes ces startups devront relever le défi de l’art sur les canaux numériques. L'accès aux images est facile et de très bonne qualité, mais le spectateur est seul face aux œuvres, tandis que la muséographie, les textes et les médiateurs doivent guider le parcours. Le Google Street Art Project traduit bien cette problématique. Le travail de numérisation est colossal et très complet, cependant on constate un manque de contrôle dans les écrits, faisant pâtir l'expérience muséo-graphique.