L’arrivée des Internet des Objets impacte tous les secteurs de l’Automobile, à l’Alimentaire, sans oublier le Luxe. Face à l’arrivée d’acteurs comme Samsung ou Pebble sur son marché, l'horloger TAGHeuer a décidé de riposter. Une mutation est en court. Rencontre avec Jean-Claude Biver le CEO de TAGHeuer.
Aucune grande invention n’appartient qu’à un seul homme. Les grandes innovations passées et actuelles sont souvent le fait du partage de savoir. Le partage est le meilleur garant de l’innovation. C’est ce que les chercheurs et inventeurs de ce siècle on largement comprit, d’où le concept de l’Open Innovation.
C’est typiquement ce qui fait la force du langage « Androïd » de Google. De quoi séduire TAG Heuer en pleine révolution numérique, comme chaque entreprise dans l’air du temps. Le « changement », l’horloger semble bien le vivre. TAGHeuer se déclare d’ailleurs « Swiss Avant-Garde Since 1860 ».
« La transformation technologique fait partie de notre ADN et de notre raison d’exister dans l’horlogerie helvétique. La marque fut en tout temps animée par la recherche de la performance chronométrique, tant au niveau du timing qu’au niveau des montres chronographes » raconte Jean-Claude Biver le CEO de TAGHeuer.
Il est vrai que la marque a chronométré grâce à ses instruments de mesure plusieurs Jeux Olympiques, a été la première montre portée dans l’espace par Hugh Glenn et a réalisé de nombreuses inventions dans les instruments de la mesure du temps.
Compte tenu de ce passé, il semble logique (et même nécessaire) que TAGHeuer s’intéresse à la montre connectée. D'autant plus qu’il s’agit d’une marque de luxe, mais avec des prix d’entrée de gamme « accessible » donc compatible avec les prix de la montre connectée.
Preuve qu’il ne s’agit pas que d’un simple coup de communication, cette mutation a mené Jean-Claude Biver à scinder son Département de R&D en deux. D’un côté les maîtres horlogers, les concepteurs et dessinateurs de mouvements mécaniques et de l’autre les ingénieurs en métallurgie, nanotechnologie, informatique etc.
Ces derniers se penchent exclusivement sur la recherche et la mise au point de la montre connectée et de ses annexes.
La Silicon Valley, une nécessité pour TAGHeuer ?
Le PDG de TAGHeuer ne souhaitant pas avancer seul, il a décidé de s’associer aux meilleurs partenaires possibles. Selon lui, il ne peut dans ce cas-là pas y avoir d’autres alliances que celles mises en place avec un des géants de la Silicon Valley.
C’est ainsi qu’une délégation de l’horloger Suisse est partie en Californie chercher deux partenaires. L’un pour le « hardware » et l’autre pour le « software ».
« Il nous a paru important de nous lier avec des partenaires pas directement actifs dans l’horlogerie afin de ne pas avoir une concurrence interne dans l’éventuel partenariat » commente Jean-Claude Biver le CEO de TAGHeuer.
C’est ainsi que l'entreprise est tombée sur le géant Intel pour les microprocesseurs et le géant des applications et software, Google (apprécié pour sa vision « ouverte »). Ces deux partenariats ouvrent ainsi à l’acteur historique de l’horlogerie, les portes du monde de la montre connectée.
La montre connectée est une opportunité, plus qu'une nécessité
La montre connectée va se développer, cela ne fait pas de doutes aux yeux du PDG de TAGHeuer. Toutefois il est convaincu qu’elle restera un objet de plus ou moins haute technologie, et comme tout objet issu d’un processus technologique, elle sera condamnée à l’obsolescence.
C’est ce qui limitera d’une manière naturelle le niveau de prix. Car contrairement au milieu et haut de gamme de cette marque qui se distingue par son côté «éternel», personne ne sera enclin à payer un certain prix pour un produit dont la durée de vie sera limitée à maximum 10 ans.
« Nos arguments par rapport à toute montre connectée existante ou à venir, est le fait que nous soyons partenaires avec les deux leaders du monde et que, de ce fait, nous sommes assurés d’avoir toujours une longueur d’avance et de surcroit: celui qui peut le plus, peut aussi le moins » Jean-Claude Biver le CEO de TAGHeuer.
Pour autant, TAGHeuer croit énormément en cette connectivité. Ce supplément d’informations que ces montres sont capables de donner colle parfaitement aux usages d’une large tranche de la population. L’information que donne une montre connectée et le confort ainsi apporté à l’objet procure justement, à côté de la merveille technologique, son attrait et son intérêt.
En revanche si l’on cherche d’autres plus-values, telles que l’art, la tradition, la culture, le fait main etc, alors il faut que le consommateur choisisse une TAGHeuer de la collection mécanique. En bref, si la technologie impacte sans chambouler le cœur d’activité de TAGHeuer, celle-ci a eu une réelle incidence sur l’organisation de l’entreprise. Le produit co-construit avec Google et Intel devrait sortir très bientôt… A suivre.
Pour tout comprendre sur les enjeux, les impacts et l’avenir de l’internet des objets, Maddyness vous invite le 9 juin prochain à partir de 19h15 à la Gaité Lyrique pour une Maddy Talk sur les Objets connectés