"Avant la fin du siècle, 70% des emplois actuels auront été automatisés. [...] Cette automatisation profonde touchera toutes les tâches, depuis les plus manuelles, jusqu'à celles qui reposent sur la connaissance" annonçait Kevin Kelly la veille de Noël 2012 dans un article paru chez Wired.[hr]
Le numérique détruit des emplois et en crée de nouveaux. Il transforme le contenu et les conditions de certains, et déplace géographiquement les autres. Quel bilan sur le niveau d'emploi local et global ? Comment le numérique affecte-t-il la structure de l'emploi et le marché du travail ?
Dans un rapport réalisé par la FING (Fondation Internet Nouvelle Génération) et publié le 24 mars dernier, "Questions Numériques 2014/2015 : Les Controverses", ces interrogations sont directement traitées. Dans cette étude, le premier constat est que le numérique abaisse sensiblement les barrières de l'innovation, et contribue directement à la création de nouveaux métiers et de nouveaux emplois. Il suffit techniquement aujourd'hui d'un ordinateur et d'une connexion internet pour commercialiser un service innovant auprès d'une masse suffisante.
S'ensuit logiquement une accélération du rythme de l'innovation et une mise sur le marché de plus en plus de produits ou services qui bouleversent des marchés existants. Si bien que le marché n'a pas le temps d'absorber l'innovation et de créer un nouvel environnement vertueux. La destruction créatrice devient alors création destructrice. C'est précisément ce qu'il se passe sur le marché de la mobilité urbaine aujourd'hui dans les pays développés. L'industrie des VTC va-t-elle créer davantage qu'elle ne va détruire d'emplois ?
En 2012, Kodak déposait son bilan avec ses 18 800 employés; Facebook rachetait Instagram (13 employés) pour 1 milliard de dollars.
C'est la question qui a poussé M.Montebourg, reconduit au ministère du redressement productif, à déclarer "We need to slow the innovation" lors de son intervention à la conférence Le Web 2013. Dans le cas des VTC, on surestime probablement les dommages sur l'emploi national dès lors qu'ils ne sont pas délocalisables. En réalité, tous les emplois classiques sont en pleine mutation et de nouveaux métiers vont émerger et séduire les jeunes (travailler dans le secteur de l’innovation représente une ambition pour 61% d’entre eux).
Autre constat à prendre en compte, 60% des métiers qui façonneront l'avenir n'ont pas encore été inventés. Ingénieur en Impression 3D culinaire, ou encore Architecte de réalité augmentée en passant par Chirurgien pour amnésies, tous ces métiers ont un avenir pour des postes qui n'ont pas encore été proposés sur le marché du travail.
Tout l'enjeu réside dans l'adaptation de la formation aux nouveaux métiers. L'école et les organismes de réinsertion professionnelle doivent se réinventer pour réapprendre à enseigner et suivre le rythme de l'innovation numérique.
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