La rédaction a invité Alexandre Dana (LearningShelter) à investir la tribune Maddyness pour vous raconter son expérience de la levée de fonds. LearningShelter vient d’annoncer une levée de 200K euros en amorçage auprès de Business Angels (relire l'article).[hr]

"C’est un théâtre permanent". Voilà le premier conseil qu’on m’a donné sur la levée de fonds. Depuis j’en ai reçu bien d’autres, mais aucun ne m'a fait plus forte impression que celui-là.

Avec deux associés, Charles et Grégoire, j’ai fondé LearningShelter, un site de cours particuliers à distance, par vidéo-bulle. Avec un ordinateur et une connexion Internet, les élèves prennent des cours particuliers avec des mentors, en soutien scolaire, langues étrangères ou programmation. Après avoir lancé le site le 1er novembre dernier, nous prîmes la décision au mois de mars de réaliser une levée en amorçage pour accélérer le développement. Voilà un petit récit, étape par étape :

En amont

Si nous avons décidé en mars de lever des fonds, nous savions bien avant que cette étape était nécessaire. Depuis le lancement, on construisait donc des relations de confiance avec de potentiels investisseurs. Pitcher sa boîte durant certains événements type MashUp ou StartInParis est un bon moyen pour susciter la première rencontre, l’autre solution étant de se faire introduire. Les bonnes personnes doivent savoir, qu’un jour, LearningShelter cherchera à lever.

Learningshelter

Nous avons ainsi eu la chance de nouer une relation d’une confiance rare avec un fonds early-stage rencontré pour la première fois avant même la sortie du site, en octobre ! Certains parlent d’une "parade nuptiale" pour qualifier cette période où l’entrepreneur et l’investisseur se tournent autour. Lors de ces rendez-vous, la valorisation ou le pacte d’actionnaires n’étaient jamais abordés. Personnellement, j’y voyais l’occasion :

- D'être challengé par des personnes brillantes sur tous les points de son activité : techno, produit, business model, stratégie d’acquisition, etc.

- De mieux comprendre les différentes logiques d’investissement (Business Angel, fonds en amorçage).

Ce dernier point fut très important pour LearningShelter ! Grégoire a 21 ans, Charles 22 et moi 24, c’était donc notre première levée et nous ne connaissions rien au financement des startups

Préparation du deck

Début mars, la préparation du deck commence. Pour nous, il se composait d’un executive summary, d’une présentation d’environ 25 slides et enfin d’un Business Plan sous Excel. Il existe une immense littérature consacrée au sujet, mais si je devais retenir 2 articles, j’opterais pour :

- Comment (et combien) valoriser une startup ? par Guilhem Bertholet

- Le guide de présentation de Jeremie Berrebi

Cette phase de préparation du deck est aussi l’occasion d’apprendre tout le vocabulaire d’une levée de fonds : term sheet, valorisation pré money, obligations convertibles, actions préférentielles, drag along, tag along.

Le début des rendez-vous, qui aller voir ?

On peut facilement se tromper d’interlocuteur et se retrouver à pitcher devant des VCs qui ne font pas du tout de l’amorçage. Ou des Business Angels qui n’investissent que dans du e-commerce. On a eu la chance d’être très bien conseillé sur ce sujet pour au final n’avoir que très peu de rendez-vous inutiles. On a notamment beaucoup appris de nos discussions avec les VCs early-stage : c’étaient des heures de plongée intellectuelle dans notre business, avec des interlocuteurs ultra expérimentés. On n’a jamais tapé à la porte de Paris Business Angels et autres associations de Business Angels, ou leveurs de fonds. Je suis assez réticent à l’idée de donner un pourcentage de ma levée à des intermédiaires mais encore une fois, on n'a pas du tout évolué avec ce monde là…

Les moments difficiles

Il y a énormément d'interlocuteurs à gérer et on se retrouve souvent à attendre une réponse de Paul ou Jacques par mail tout l'après-midi. Je pense qu'avec plus d'expérience, certains doivent gérer ça bien mieux. Nous avons parfois eu du mal à "débrancher la machine" pour penser à autre chose.

Trouvez les bons mentors !

Nous avons au final réalisé ce tour de table avec des Business Angels, trouvés au fil des rencontres dans notre réseau proche et celui de notre école ou rencontrés lors d’événements. Trouver des sous c’est faisable, trouver les bonnes personnes, c'est plus dur. Il faut savoir dire non. C’est là que notre famille de mentors a été là pour nous aider à prendre les bonnes décisions. Nous avons la chance d’avoir constitué autour de nous depuis un an et demi un petit noyau de mentors, souvent d’anciens ou d'actuels entrepreneurs. Je n'ose penser au résultat de cette levée sans leur aide !