Depuis quelques années, les structures d'investissement hybrides financement/accompagnement essaiment en Europe et en France sur le modèle du YCombinator. La France pourtant est dotée de nombreux modèles, petit tour d'horizon.
Nous avions traité il y a quelques semaines, dans un dossier intitulé "le business des incubateurs privés" l'historique rapide des modèles d'incubation qui nous viennent des US. En France, l'écosystème d'accompagnement à la création d'entreprise ne se limite pourtant pas aux incubateurs privés. Il existe de nombreuses structures qui parfois s'inspirent et parfois s'éloignent du modèle américain. OSEO cartographie les différents acteurs de la sorte :
- Les incubateurs, ont pour mission de détecter, accueillir et accompagner les projets de création d'entreprises innovantes.
- Les pépinières, hébergent de jeunes entreprises, fournissent des services matériels aux nouvelles entreprises.
- Les technopôles, favorisent la création d'activités innovantes sur un territoire, encouragent l'animation et la mise en réseau des compétences du territoire.
- Les Centres européens d'entreprises et d'innovation (CEEI), ont pour objectif de contribuer à la création d'entreprises innovantes et au développement d'entreprises existantes par l'innovation.
Dans cet article, nous ne nous intéresserons qu'aux incubateurs car il y a largement de quoi en dire. Il convient pour commencer de bien les distinguer les uns des autres car leurs modes de fonctionnement sont très différents.
Les incubateurs privés rattachés aux Grandes-Ecoles
On les trouve dans les grandes écoles de commerce (HEC, ESSEC, ESCP mais aussi Grenoble), d'ingénieur (Centrale, Polytechnique…). Ces organismes proposent des services proches de ceux des incubateurs publics : locaux, formations, mentoring avec les anciens étudiants. Ces incubateurs sont souvent de belles passerelles pour obtenir des prêts et de lever des fonds plus facilement.
Les incubateurs d'entreprise
Il s'agit d'incubateurs développés par les grands groupes industriels ou par les prestataires de service. L'objectif des groupes industriels est de favoriser l'émergence de startups qui vont permettre d'adapter les activités du groupe aux spécificités de la nouvelle économie, d'utiliser les nouvelles technologies, découvertes scientifiques ou autres, pour favoriser le développement "naturel" de leurs activités ou se diversifier dans des activités connexes.
Les Pionnières
Ce sont des incubateurs dédiés aux projets de services innovants portés par des femmes. Ces incubateurs sont mis en place grâce au soutien de la mairie et de la région d'implantation, mais aussi de la Caisse des Dépôts et Consignations et d'organismes privés. La fondatrice de la fédération Pionnière, Frédérique Clavel, est aujourd'hui présidente de l'APCE.
Les incubateurs publics
Les incubateurs publics obéissent à des conditions strictes. L’entrepreneur doit présenter un projet présentant une innovation reconnue par un laboratoire de recherche publique ou alors il doit être lauréat du Concours national d'aide à la création d'entreprises de technologies innovantes, organisé par le ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche. Ce type d’accompagnement dure en moyenne 24 mois, la structure apporte au porteur de projet un hébergement, des conseils sur la création de l’entreprise (dépôts de brevets, business plan) et l’accompagne dans la recherche de financement.
Les cibles, objectifs et moyens des structures publiques d'accompagnement sont souvent assez éloignés de ceux des acteurs privés. Le rôle des incubateurs publics, notamment, se situe généralement en amont (aide au montage et à la création de la future entreprise) de celui des structures privées.
Le modèle français de l'incubation privée : l’accélération
Les incubateurs privés se différencient par leur volonté de rentabilité. Ils fonctionnent en règle générale en prenant part au capital de la société afin de réaliser une plus-value en sortie d'incubation. Leur modèle économique ayant très difficilement survécu à l’éclatement de la bulle internet, la grande majorité de ces incubateurs ont disparus ou ce sont reconvertis en fonds d’amorçage ou dans le conseil aux entreprises.
Reste encore des solutions hybrides d'accompagnement dont nous parlions plus tôt, très inspiré du fameux YCombinator, on pourrait citer entre autres sur Paris le Dojoboost de John Lewis, l'Accelerateur de Michel de Guillhermier, le Loft50partners d'Investirendirect ou encore Nextstars de Sohrab Heshmati. Ces "accélérateurs" sont aujourd'hui plus proches des fonds d'amorçage que des incubateurs tels que définis plus haut, proposant souvent un accompagnement des jeunes entreprises financées.
Peut on vraiment réussir sans se faire accompagner ? Les statistiques semblent aller dans ce sens : 85% des entreprises accompagnées existent toujours 5 ans plus tard contre 65,5% des entreprises n'en ayant pas bénéficié. Mais est ce nécessaire pour autant de passer par des incubateurs privés qui rognent une partie du capital ?