L’Open Innovation, cette nouvelle manière de gérer l’innovation, occupe un espace de plus en plus large dans les débats, conférences et publications relatives aux meilleures pratiques managériales de l’innovation. Afin d’en identifier les clés et d’établir en quoi ce concept concerne les startups françaises, l’équipe de Maddyness a sollicité bluenove, société spécialiste de ce domaine depuis 2008. Eclairage de son fondateur et président, Martin Duval.[hr]
L'Open Innovation, c’est pas que pour les Grands Groupes !
Discipline encore jeune du Management de l’Innovation mais en phase rapide d’adoption par les entreprises depuis l’apparition du concept au début des années 2000, l’Open Innovation s’impose désormais comme le meilleur moyen d’innover dans un contexte économique de crise et un environnement dont la complexité s’accélère.
Alors que les budgets et ressources consacrées à l’innovation sont mises sous pression dans tous les secteurs, la gestion de l’innovation devient de plus en plus difficile à gérer : le rythme d’évolution des technologies (mobile, web, objets connectés, etc.) est de plus en plus difficile à suivre, les enjeux de développement durable et de la Responsabilité Sociale d’Entreprise doivent être intégrés toujours plus en amont des processus et les sociétés s’interrogent bien plus souvent qu’auparavant sur le périmètre mouvant de leur(s) métier(s) cœur. Dans ce contexte de tension entre des moyens réduits et une complexité croissante, la maitrise de l’intelligence collective et de la capacité à collaborer deviennent le nerf de la guerre ! Les entreprises leaders de demain seront bien celles qui auront développé le plus de savoir-faire dans la manière de mobiliser à la fois l’ensemble de leurs collaborateurs dans des démarches de co-innovation et de co-création, mais aussi toutes les parties prenantes de leur écosystème : les startups, les PMEs, les fournisseurs, les clients, les Universités, les acteurs d’autres domaines, les associations, etc.
Les leviers de mise en œuvre d’une stratégie d’Open Innovation restent encore trop souvent perçus pour n’être pertinents que pour les grands groupes. Seuls eux semblent de prime abord concernés par l’enjeu de développer des communautés d’innovation en ligne constituées de centaines de collaborateurs ou de milliers de clients ‘béta-testeurs’, d’organiser des concours d’idées à grands renforts de plans de communications, de réaliser des partenariats avec des startups, voire d’y investir, etc.
Mais les startups et les PMEs ont elles aussi tout intérêt à maîtriser les concepts d’Open Innovation, au moins pour deux raisons.
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Mieux détecter et sélectionner les grands groupes qui ont la plus forte culture collaborative pour mieux réussir vos partenariats
La plupart des startups et PMEs ont des activités BtoB. Elles ont donc souvent pour objectifs de développer de solides relations partenariales avec des grands groupes en France ou à l’international afin de les transformer le plus rapidement en premiers clients stratégiques.
Mais comment détecter les organisations qui seront les plus à même d’initier et de gérer de manière équilibrée cette collaboration sans fragiliser les ressources de jeunes sociétés ?
Il s’agira par exemple d’identifier si ces grands groupes partenaires ont déjà mis en place ou pas des dispositifs d’Open Innovation ‘externes’ comme des concours d’idées avec des étudiants, des incubateurs ou accélérateurs de startups, voire des fonds de Corporate Venture. Des modèles évolués comme les OrangeFab chez Orange, le i-Lab de Air Liquide, l’URlab d’Unibail-Rodamco, le fonds Blue Orange de SUEZ Environnement, le LabPostal de LaPoste ou bien encore le Michelin Challenge Bibendum sont autant d’exemples qui devraient rassurer les entrepreneurs qu’un processus fiable de collaboration a été défini et mis en œuvre. C’est aussi le signe qu’une équipe dédiée et compétente est en place pour animer la relation et les accompagner dès la prise du premier contact jusqu’à la phase de test ou de prototypage d’un nouveau concept de service ou de produit co-développé.
Les projets d’Open Data sont aussi à percevoir comme des démarches d’Open Innovation courageuses et ambitieuses de la part de certains grands groupes comme SNCF et son Data Shaker ou Michelin et sa communauté Open Data émergente dans le domaine de la Smart Mobility.
Mais les entrepreneurs devraient aussi détecter les signaux ‘internes’ de dispositifs d’Open Innovation mis en œuvre pour mobiliser les collaborateurs de ces grands groupes comme une Communauté Innovation chez Pernod-Ricard, un grand concours d’idées chez Galeries Layette ou Essilor, ou des programmes d’Intrapreneuriat qui commencent à éclore. Ces derniers sont sans doute les garants qu’une culture d’innovation collaborative interne est en œuvre, culture qui jouera un rôle clé pour que le nouveau service ou produit parvienne à un lancement réussi qui aura su impliquer harmonieusement tant les Directions Achats, Juridiques, Marketing, Finance que l’équipe Innovation à l’origine du projet.
En résumé, les startups et PMEs devraient établir leur ‘Open Innovation Check List’ pour évaluer si suffisamment de dispositifs d’Open Innovation (externes et internes) existent chez leur futur partenaire grand groupe avant de s’aventurer dans une relation.
Mettre en œuvre des approches d’Open Innovation adaptées à des structures plus petites
Les entrepreneurs à la tête de startups et les Managers au sein de PMEs doivent aussi comprendre que la plupart des concepts d’Open Innovation sont aussi à envisager au sein de leur propre organisation, et ce dès que leur taille dépasse une dizaine de collaborateurs.
A partir de quelle maturité ou taille d’entreprise doit on se poser des questions comme :
- Qui sont les acteurs de notre écosystème ? Lesquels impliquons nous déjà dans notre processus d’innovation ? Avec lesquels devrions nous développer plus de relations ?
- A partir de quand devrions nous commencer à capitaliser nos savoir-faire et nos connaissances et partager nos meilleures pratiques entre nous sur des outils faciles à utiliser comme des Réseaux Sociaux d’Entreprise ?
- Est ce trop tôt pour organiser un concours d’idées avec une école ou une université dans notre domaine pour trouver de nouvelles idées, détecter de nouveaux talents et faire connaître notre marque ?
- Quand commencer à impliquer nos premiers clients dans des processus de co-création de nos nouveaux produits et services ?
- Pourquoi ne pas développer dès l’origine une culture d’Intrapreneuriat au service de nos meilleurs talents qui sont si difficiles à attirer et à fidéliser ?
Autant de questions légitimes pour les startups et les PMEs auxquelles l’Open Innovation apporte des solutions concrètes.
Des exemples prouvent que des PMEs sont très en pointe en Open Innovation. La société Poult (700 personnes), leader de la fabrication de biscuits en marque distributeurs a mis en place à la fois un programme de partenariats avec des startups, un incubateur de projets internes et des formations à la créativité pour un grand nombre de collaborateurs de tous les métiers de l’entreprise. La société RaidLight, 80 personnes, leader de matériel de trail (chaussures, sacs, etc.) a développé une communauté de clients ‘lead users’ passionnés qui co-conçoivent ses nouveaux produits : elle a même mis à leur disposition un ‘OutDoor Lab’ pour les aider à tester leurs idées innovantes en vrai grandeur. Une startup comme Withings vient de s’associer au fond d’investissement AXA Seed Factory, le fonds d’amorçage de l’assureur pour lancer un appel à projets pour les startups des objets connectés.
Et si contre toute attente ce sont finalement les startups et les PMEs qui vont développer les meilleures pratiques de l’Open Innovation encore plus vite que les grands groupes dans les années qui viennent ?
C’est pour accompagner ces nouvelles manières de gérer l’innovation que bluenove conçoit depuis 2008 de nouvelles offres d’accompagnement et de nouveaux services. Dans le domaine de la formation, le cabinet de conseil propose en partenariat avec Maddyness, un module de sensibilisation à ces concepts pour les entreprises de toutes tailles et de tous secteurs le 30 Juin 2014 au NUMA : informations et inscription sur ce lien. Cette formation s’appuiera notamment sur le Serious Game InnovNation.
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