Lumena a été créé en 2021 par Michel Onfray et Fabrice Croiseaux, rapidement rejoints par quatre autres entrepreneurs. Les deux cofondateurs s’étaient croisés à plusieurs reprises autour de projets innovants. Le premier a accompagné pendant plus de 20 ans de jeunes entreprises innovantes pour le compte de la Chambre de commerce de Moselle, notamment pour trouver des financements en non dilutifs et le second est dirigeant d’une ESN luxembourgeoise.

Leur startup studio a vu le jour avec une ambition claire : mettre en commun des expertises pluridisciplinaires pour donner naissance à des startups deeptech à fort potentiel de croissance. « Un startup studio, c’est une startup qui crée des startups. Nous nous impliquons comme un incubateur et nous investissons comme un fonds », commente Michel Onfray.

Un ancrage territorial fort 

Le nom « Lumena » est la combinaison des deux premières lettres de chaque ville, Luxembourg, Metz et Nancy. Il symbolise un ancrage territorial et une vision transfrontalière. « Pour qu’un projet fonctionne, il faut un marché, une idée, mais surtout, de bons porteurs. Or en région, le flux de bons porteurs portant de bonnes idées est moins important qu’à Paris. Pour industrialiser le processus de création de startups dans notre région, nous avons donc pensé au modèle de startup studio », partage Michel Onfray. 

« En théorie, nous sommes dans une zone géographique transfrontalière, le bassin d'emploi à cheval entre la France et le Luxembourg, devrait donc ouvrir des opportunités. Mais en pratique ce n’est pas si évident, les contraintes financières et politiques sont complexes. Or il y a des ressources très intéressantes, nous avons notamment le bassin avec le plus grand nombre d’étudiants ingénieurs, le problème, c'est qu’ils ne restent pas », complète Fabrice Croiseaux.

Un process pour lever les verrous technologiques

Chez Lumena, le processus de création est découpé en trois parties. D’abord, la naissance des idées. Ces dernières peuvent arriver de différentes manières, soit le studio est à l’origine de l’idée, soit il part d’une brique technologique ou d’un brevet en déshérence existant. Ensuite, lorsqu’une idée est identifiée, elle est examinée sous tous les angles jusqu’à pouvoir attester d’une désirabilité sur le marché et chiffrer un projet. 

Si le comité d’investissement donne son feu vert, Lumena commence alors à engager des fonds et recrute une équipe de management. « L’idée, à ce stade, est de pouvoir lever le maximum de verrous technologiques. Si pour cela, il y a besoin de beaucoup de financements, alors on crée directement les statuts de l'entreprise pour avoir accès à plus de financements », commente Michel Onfray.

Quand la startup est créée, l’équipe de management retenue devient majoritaire, et Lumena prend entre 30 et 33% du capital. « Comme le modèle Hexa, nous essayons toujours d’être le premier investisseur et le troisième associé », partage Michel Onfray.

Quatre startups déjà lancées

Les six associés ont au départ investi 300 000 euros dans Lumena. Avec cet argent, quatre startups ont déjà été créées. Le studio vient de lever 800 000 euros auprès d’une dizaine d’entrepreneurs, tous liés à la région. « Les fonds peuvent sembler réduits par rapport aux montants investis par d’autres startups studios. Cela s’explique en partie par notre capacité à utiliser le levier du financement non dilutif », confie Michel Onfray. « La force de notre studio, c'est aussi l’engagement de nos associés, qui mettent leurs réseaux et leurs compétences au service des startups », ajoute-t-il. Trois nouvelles startups devraient voir le jour dans les deux prochaines années.

Parmi les quatre premières startups créées, on retrouve Delmonicos, une technologie qui lie la blockchain et l’IA pour rendre interopérable l’ensemble du réseau des bornes de recharges pour les voitures électriques. La seconde est Jared, un assistant intelligent pour donner aux particuliers les clés pour comprendre et gérer leurs finances. La troisième est Yuzu, une solution qui permet d’évaluer les soft skills des talents, en évitant les biais, grâce à la gamification. Enfin, la dernière startup, dont l’idée est née d’un hackathon avec Centrale Supélec et l’usine d’électricité de Metz, Blackticket, permet de sécuriser des services de billetterie, et de gérer le marché secondaire en utilisant la blockchain couplée à un système d’identification numérique.