En septembre prochain, La communauté urbaine de Dunkerque (CUD)  organisera la 25e édition des Assises européennes de la transition énergétique. Un rendez-vous de trois jours du 10 au 12 septembre 2024 pensé pour favoriser rencontres et échanges entre les acteurs du secteur. Chaque année, plus de 3500 personnes ou entités y participent : collectivités, scientifiques, experts, acteurs économiques et associatifs, étudiants… Ils se réunissent autour de 150 rendez-vous, conférences et animations, auxquels vous pouvez d’ores et déjà vous inscrire. Des invités de choix seront présents, notamment François Gemenne, chercheur, politologue et co-auteur du sixième rapport du GIEC.

Si Dunkerque était déjà à l’initiative de cet événement il y a 25 ans ce n’est pas un hasard. Au fil des années, ce territoire des Hauts-de-France s’est imposé comme un laboratoire taille réelle de la transition énergétique, de l’innovation et de la décarbonation. Il est ainsi une “référence tant au niveau français qu’européen” souligne Alexis Martinez, CEO de H2V, qui œuvre pour la décarbonation en produisant de l’hydrogène vert pour les secteurs et industries émetteurs de CO2. L’ambition du territoire : réduire de 55% ses émissions de CO2 d’origine industrielle d’ici 2030.

Dunkerque, territoire de convergence et de collaborations

Lorsque H2V est lancée en 2016 avec l’ambition de verdir le secteur des transports - un pari alors “un peu fou mais visionnaire” -, elle se positionne tratégiquement dans la production massive d’hydrogène bas carbone. Parmi ses quatre projets emblématiques, le développement de la gigafactory située à Dunkerque est à un stade particulièrement avancé. Pour Alexis Martinez, il était pertinent de choisir un “lieu qui soit un cluster de consommation énergétique, avec un fort enjeu et potentiel de décarbonation.” Le bassin industrialo-portuaire du territoire dunkerquois représente par exemple à lui seul 21% des émissions industrielles de CO2 du pays. “Il est attendu qu’il devienne la première zone industrielle bas carbone (ZIBaC) de France”, ajoute le CEO de H2V, faisant référence à l’appel à projets lancé par le ministère de l’Industrie via l’Agence de la transition écologique (ADEME) pour lequel Dunkerque et sa zone industrialo-portuaire sont lauréats.

Le groupe ArcelorMittal a lui aussi choisi Dunkerque pour y lancer en 2021 son tout premier Digital Lab, “un laboratoire des innovations autour de projets industriels et de l’industrie de manière générale.” “C’est un territoire majeur sur le plan énergétique depuis très longtemps”, justifie Jean-Pierre Triquet, directeur du Digital Lab. "On y bénéficie de politiques territoriales volontaristes, notamment sur la filière hydrogène ou les mobilités douces et responsables.”

De cette volonté, sont historiquement nées de fortes collaborations entre public et privé. ArcelorMittal a travaillé avec la CUD dès 1982 à la création d’un réseau de chaleur qui transforme la chaleur fatale des industriels en énergie pour chauffer les piscines, logements ou bâtiments communaux. En 2020, la taille de ce réseau a été multipliée par deux et deviendrait à terme le plus grand réseau de chaleur du genre d’Europe. “Il y a un véritable esprit de collaboration, un dialogue permanent avec le territoire, ajoute Jean-Pierre Triquet. Nous avons l’habitude de travailler depuis longtemps avec le Grand Port Maritime de Dunkerque, la Communauté urbaine de Dunkerque et son Groupement d'Intérêt Public Euraénergie avec une volonté partagée d’y inventer l’industrie décarbonée de demain.”

Alexis Martinez évoque pour sa part “la force des survivants”. “Le territoire a su surmonter les défis de la désindustrialisation, et de la pollution en se tournant vers de nouvelles opportunités de développement. Aujourd’hui, tous les acteurs, publics ou privés, ont une vraie volonté d’avancer. On trouve un leadership fort, un alignement des intérêts de tous en faveur d’une décarbonation et de l’innovation. Cet effort collectif public / privé est en train peu à peu de faire du territoire, un territoire très attractif.”

Une situation géographique clé

La situation géographique du Dunkerquois est évidemment aussi un facteur de choix, tant par sa proximité avec la filière industrielle locale qu’avec le Benelux.

“Il était important et même essentiel que les Labs soient là où se trouvent les implantations majeures et de premier plan de l’industrie, précise Jean-Pierre Triquet. Dunkerque est le terrain de jeu idéal pour concilier innovation et industrie tout en étant à proximité des bassins industriels.”

“C’est un vivier intéressant et dynamique, poursuit notre interlocuteur, une région où l’on trouve un écosystème fort qui permet de faire émerger des synergies : de grandes écoles, des universités, des incubateurs, des pôles d’excellence…”

“La proximité avec le Benelux est aussi un facteur clé, conclut Alexis Martinez. Dunkerque a le potentiel pour devenir un véritable pôle “énergies vertes”. En Belgique, l’énergie est très chère, or la France a la capacité de produire à terme suffisamment d’électricité bas carbone pour pouvoir en exporter.” De quoi assurer un beau développement économique pour la région, au-delà de sa “simple” décarbonation…