Depuis des décennies, nombreux sont les dirigeants politiques occidentaux à voir dans l’Afrique le «continent de demain». Mais si le continent africain a peiné jusque-là a exprimé pleinement son potentiel, en raison de nombreux conflits et de crises sanitaires qui entravent son développement, le secteur technologique pourrait bien représenter un levier pour changer la donne alors que l’Afrique devrait compter près de 2,5 milliards d’habitants à l’horizon 2050, soit un quart de la population mondiales, selon les prévisions de l’ONU.

Alors que des startups africaines ont fait sensation ces dernières années, à l’image de Jumia dans l’e-commerce, de plus en plus de fonds français veulent s’implanter de l’autre côté de la Méditerranée pour amplifier le dynamisme de l’écosystème africain. Partech a montré la voie dès 2018 avec un premier fonds de 125 millions d’euros, avant d’en dégainer un second de 245 millions en 2023. De quoi inciter d’autres acteurs tricolores du capital-risque à se lancer en Afrique.

Des tickets compris entre 100 000 et 2 millions d’euros

C’est le cas notamment de Breega, qui annonce en ce mois de juin le lancement d’un fonds de 75 millions d’euros pour soutenir des startups africaines en pré-amorçage et en amorçage. Baptisé «Breega Africa Seed I», ce véhicule d’investissement vise à investir dans des jeunes pousses basées au Nigeria, en Égypte, en Afrique du Sud et au Kenya, mais aussi dans plusieurs pays d’Afrique francophone comme le Maroc, le Sénégal, la Côte d'Ivoire et le Cameroun.

Avec ce fonds, Breega, qui compte 700 millions de dollars d’actifs sous gestion, prévoit d’injecter des tickets compris entre 100 000 et 2 millions d’euros, principalement dans des startups développant des innovations à fort impact environnemental et sociétal. Les domaines de l’agriculture, de l’éducation, de la santé, de la finance, de l’assurance, de l’immobilier ou encore de la logistique sont ainsi ciblés. «Les écosystèmes de startups fonctionnent comme des pyramides : ils ne sont durables que si la base, donc le early-stage, est bien financée. C’est dans cette logique d’impact que Breega se positionne en tant que premier investisseur pour soutenir et accompagner les entrepreneurs à leur lancement», indique Ben Marrel, co-fondateur et CEO de Breega.

Deux bureaux à Lagos et au Cap

Pour mener sa stratégie d’investissement sur le continent africain, le fonds tricolore s’est attaché les services de Melvyn Lubega, entrepreneur à l’origine de la licorne Go1 dans l’edtech, et de Tosin Faniro Dada, qui a créé l’incubateur Lagos Innovates au Nigeria. Dans le détail, Melvyn Lubega sera en charge de l’Afrique de l’Est et du Sud depuis le bureau du Cap, en Afrique du Sud, tandis que Tosin Faniro Dada s’occupera de l’Afrique de l’Ouest et du Nord depuis l’année de Lagos, au Nigeria.

A leurs yeux, le continent africain est à un moment charnière de son histoire dans la tech. «Aujourd’hui, l’Afrique reçoit près de 1 % du financement mondial pour un territoire qui abrite 18 % de la population de la planète. Il s’agit d’un large écart de financement à combler sur un continent qui est à l’aube de la pleine réalisation de son potentiel technologique», relève Melvyn Lubega, Partner au bureau du Cap. «L’Afrique connaît un véritable boom de l’entreprenariat, avec le retour sur le continent de nombreux jeunes partis étudier à l’étranger, animés par l’ambition de trouver des réponses technologiques aux défis que connaît le continent», ajoute de son côté Tosin Faniro-Dada, Partner au bureau de Lagos. Charge désormais aux deux responsables de Breega en Afrique d’identifier les pépites locales pour que le continent devienne aussi attractif que l’Europe, les États-Unis et l’Asie dans la sphère technologique.