Wingly veut prendre encore un peu plus son envol en Europe. Dans ce sens, la société annonce avoir bouclé un nouveau tour de table de 3,5 millions d’euros mené par Innovacom, fonds qui confirme son appétence pour le secteur aéronautique comme en témoigne son soutien à Elixir Aircarft et Aura Aero.
D’autres investisseurs historiques, à l’image de Thibaud Elzière, co-fondateur du startup studio eFounders, qui s’est mué en Hexa fin 2022, ont également participé à l’opération. Celle-ci vient s’ajouter à un tour de table de 3 millions d'euros en 2020 après une précédente opération de 2 millions réalisée en 2018 et un premier tour d'amorçage en 2016.
Cette nouvelle levée de fonds se double d’une campagne de crowdfunding lancée ce lundi 13 mai sur la plateforme Crowdcube. «A chacune de nos levée de fonds, nous avons toujours eu des pilotes qui étaient intéressés pour investir, mais c’était souvent compliqué en raison de tickets d’entrée trop élevés. Comme c’était une demande forte de notre communauté, avec 90 % des pilotes de notre plateforme intéressés pour investir un ticket moyen de 1 500 euros, nous nous associons à Crowdcube pour permettre un investissement aux mêmes conditions que les investisseurs institutionnels, mais à partir de seulement 13 euros», explique Émeric de Waziers, co-fondateur et CEO de Wingly, à Maddyness. Avec ce complément de financement participatif, le patron de l’entreprise tricolore estime pouvoir collecter entre 400 000 et 1 million d’euros.
«BlaBlaCar des airs»
Fondée en 2015 sous l’impulsion d’Émeric de Waziers et Bertrand Joab-Cornu, la société s’apparente à une sorte de «BlaBlaCar des airs» grâce à sa plateforme de coavionnage. En effet, elle permet de mettre en relation des pilotes privés avec des passagers pour qu’ils partagent ensemble les frais d’un vol en avion léger. Elle intègre aussi les sociétés professionnelles d’aviation d’affaires, qui opèrent de petites flottes de trois à cinq avions, disposant au maximum d’une vingtaine de places.
Ainsi, optimiser le remplissage des avions et toucher un public plus large peuvent constituer une opération économique très rentable pour ces sociétés comme pour Wingly. L’argument écologique est également mis en avant, puisque la plateforme permet d’éviter les retours à vide en dopant le taux de remplissage des avions. Avec cette approche, la startup a passé en juillet 2023 le cap des 100 000 passagers transportés dans les airs. Au total, elle revendique 450 000 membres inscrits sur sa plateforme, dont plus de 25 000 pilotes.
Cap vers le nord et le sud de l’Europe
A ce jour, Wingly est implanté dans cinq pays, à savoir la France où l’entreprise assure détenir 40 % des parts de marché, l’Allemagne (35 %), la Suisse (10 %), le Royaume-Uni et l’Autriche. Mais il ne s’agit que d’un début et la société voit déjà plus loin. «Il y a deux zones intéressantes pour nous : les pays du sud de l’Europe, comme l’Espagne, le Portugal et l’Italie, où il y a une forte clientèle touristique et un beau temps tout au long de l’année, et les pays nordiques, comme la Suède, où l’aviation légère est assez développée», indique Émeric de Waziers.
Néanmoins, il n’est pas question de s’étendre dans le ciel européen en dépensant sans compter, à l’heure où l’hypercroissance a laissé place à la quête de la rentabilité, que l’entreprise tricolore espère atteindre l’an prochain pour fêter sa première décennie d’existence. «Avec cette levée de fonds, nous allons pouvoir démontrer la profitabilité de notre modèle avant de lancer notre plateforme dans d’autres pays d’Europe», confirme le patron de la société. Avant d’ajouter : «Il faut un peu plus de volume pour être rentable sur les cinq marchés où nous sommes présents, puis être dans une optique de croissance rentable dans les nouveaux pays où nous nous lancerons dans les prochaines années. C’est une course contre la montre pour démontrer qu’il existe une aviation éco-responsable avec un modèle rentable.»