Selon une étude publiée par Santé Publique France en 2022, les troubles musculo-squelettiques (TMS) se positionnent en tête des maladies professionnelles indemnisées, représentant 88 % des cas reconnus par le régime général. Parmi les secteurs impactés, celui de la santé humaine et de l’action sociale (SHAS) semblent particulièrement touchés. Et si les conséquences sont terribles pour le salarié, elles sont aussi très lourdes pour les entreprises.

Chaque année en France, 30 % des arrêts de travail seraient causés par des TMS. En cas d’accident du travail entraînant un mal de dos, ils donneraient lieu à deux mois d’arrêt de travail en moyenne. Le coût global pour les entreprises avoisinerait les deux milliards d’euros, incluant le coût de 22 millions de journées de travail perdues. Plusieurs types de facteurs seraient à l’origine de ces troubles : les facteurs psychosociaux, organisationnels et les facteurs physiques.

C’est à ces derniers que la deeptech Moovency, cofondée fin 2018 par Pierre Plantard, CTO, et François Morin, CEO, a décidé de s’attaquer en développant pour les entreprises KIMEA. Une solution numérique alternative aux capteurs, dont l’installation est aussi contraignante que chronophage, pour mieux accompagner les entreprises dans l’évaluation et l’optimisation de l’ergonomie de leurs postes de travail.

Une solution peaufinée pour aider les entreprises

« Pierre Plantard, spécialiste de la biomécanique du corps humain, avait à cœur de travailler sur des solutions numériques d’aide à la décision pour prévenir les risques musculo-squelettiques en entreprise », explique François Morin, CEO de Moovency. Il collabore alors avec un industriel de l’automobile, développe et lance en 2019 KIMEA classique - un système de caméra en profondeur relié à un ordinateur pour filmer un collaborateur sur un poste de travail 5 à 10 minutes et déterminer les risques musculo-squelettiques. Il travaille ensuite une seconde version de son produit qui permettra une détection plus fine des mouvements, Kimea 360, grâce à un projet collaboratif, le concours I-Lab dont ils seront lauréats en 2020.

« Bien qu’efficace et scientifiquement fiable, Kimea classique comportait des problématiques technologiques : un angle de captation vidéo réduit, une limitation du collaborateur dans ses mouvements, une limitation de la captation dans les déplacements », témoigne le CEO.

En plus de Kimea 360, Moovency a récemment développé une nouvelle solution, Kimea Cloud, une application qui permet de capturer les mouvements d'un collaborateur à l'aide d'un simple smartphone et de générer un modèle de squelette 3D à partir de la vidéo 2D. « Exit, le lourd système d’ordinateur et caméra interconnectés. L’application suffit pour mesurer automatiquement et instantanément les indicateurs de risques. Pour nos clients multisite, Kimea Cloud permet de regrouper les informations et les comparer les résultats obtenus dans les différentes usines, mais aussi aux différents postes de travail et ainsi monitorer grâce à un dashboard personnalisé l’évolution ou la diminution de ces TMS en repensant les rotations de postes, lorsque certaines articulations sont trop sollicitées par exemple », explique François Morin.

La startup se concentre désormais sur l'intégration d'une dose d'intelligence artificielle, alimentée par les données récupérées jusqu'à présent, afin d'améliorer davantage l'aide à la décision et prévenir les TMS grâce à des modèles prédictifs.

Une campagne de financement participatif en cours

Déployées auprès d'une centaine de clients, dont Enedis, Safran et Airbus, les solutions de Moovency s'accompagnent d'une équipe d'ergonomes disponible pour intervenir dans les petites structures qui ne disposent pas de ressources spécialisées pour interpréter les résultats obtenus. Après avoir réalisé une première levée de fonds en equity en 2020, complétée par des aides de la BPI et des subventions i-Lab et I-Nov, pour un total de 2 millions d'euros, Moovency a récemment intégré l'accélérateur "Prévention numérique" soutenu par Bpifrance et Paris Santé Campus.

Cette deeptech initie actuellement une campagne de financement participatif pour un bridge de 600.000 euros, visant à développer son modèle de licence, à accélérer son expansion internationale, à optimiser la réussite de ses projets R&D, et à devenir un acteur majeur de la santé au travail.
Le marché des TMS est estimé à 14 milliards de dollars, porté par une croissance de 13%, alimentée par l'augmentation du nombre d'accidents et de maladies professionnelles.

Pour prendre part à la campagne de financement participatif, c’est par ici.